Témoignages
"Il n’y a pas de justice sociale si elle ne rapporte pas d’argent à quelques-uns ou à la soi-disant élite, ou si elle ne produit pas de biens de consommation pour les mêmes privilégiés. Les droits humains, semble-t-il, ne sont garantis qu’à ceux qui peuvent payer en dollars. Le commerce des enfants fait partie intégrante de cet ordre social."
- Une activiste américaine
"Je viens de Bulgarie et je suis née là-bas dans les années 1990. J'ai toujours été peureuse.
L'entente familiale n'a jamais été évidente.
Mes parents adoptifs étaient totalement au courant de la corruption du système, et c'est même eux qui me l'ont appris sans gêne.
Ils avaient failli adopter un petit garçon en même temps que moi, et la directrice de l'orphelinat leura alors annoncé qu'elle devait falsifier les actes de naissance, parce que nous n'étions pas frère et sœur. Heureusement, ils ne sont pas allés plus loin."
- Adoptée de Bulgarie
"Vous savez. Ça a été long pour moi d'accepter que j'ai, vécu de la négligence dans ma petite enfance. Cela a été la pire période de mon existence.
De nombreuses photos de moi en institution me sont encore difficile à regarder.
Mais elles incarnent à la fois la matérialité du témoignage et la crudité précieuse du réel.
Je ressens quelque chose d’inconfortable, comme si, dans mon cerveau et dans mon corps, le temps ne s'était pas écoulé. Une part de moi est encore là-bas, dans l’attente, à la pouponnière.
Le regard vide, inanimé dirigé vers le sol, chaque jour, sans éveil, sans stimulation, pendant 2 ans.
Et cela a laissé des traces que je crois de plus en plus irréversibles.
Tout ce que l'on peut s'offrir c'est un amour inconditionnel de nous à nous.
Tel est le chemin de l'apaisement. Je n'oserai parler de guerison totale. Cela me semble impossible.
Il y a des traces du passé qui infusent ma vie, comme un écran de fumée, comme une réverbération de moi-même.
Et si les familles adoptives nous aident à nous réparer par leur amour inconditionnel, persiste la blessure d'abandon primitive des premiers jours et mois de nos vies".
- Adoptée née en Bulgarie
"J'ai 26 ans et jai été adoptée à I'international à deux ans. J'ai grandi en orphelinat avant d'être adoptée par des adoptants français.
Mon rapport avec mon adoption et tout ce qui s'en rapproche est assez compliqué à gérer au quotidien.
On m'a décelé à cet âge là des états de dissociation dû aux mauvais traitements dans les différentes institutions où j'ai été.
Il faut savoir que je suis née prématurée de deux mois avant terme donc j'ai dû passer 6 mois en couveuse dans un hôpital avant d'être transféré dans un orphelinat.
J'en garde des souvenirs émotionnels assez douloureux et des reviviscences traumatiques toujours aussi vives.
De part mon passé j'ai développé différents troubles post traumatiques mais aussi une peur profonde d'être laissée à l'abandon.
Je sais que ça fait quelque temps que je m'informe les adoptions internationales et j'ai appris assez récemment le cas des adoptions illégales. En recoupant les informations que j'ai en ma possession et les papiers, il y a de fortes probabilité que mon adoption soit elle aussi illégale. Je sais qu'en parler c'est une aide très grande pour la communauté.
Mais j'ai toujours du mal à conscientiser tout ce quil s'est passé et tout ce que le système d'adoption signifie et provoquent mais japprends. Je voulais juste aussi témoigner pour montrer aux personnes qui sont adopté russe comme moi : on existe et on est légitime dans notre origine. Parfois, j'ai l'impression de voler des histoires et de confondre très souvent l'héritage culturel qui nous revient de plein droit et l'appropriation d'une culture étrangère.
Après tout c'est tout le gaslighting que le monde nous donne. Cette idée étonnée que nous n'existons pas vraiment. Juste une image ou une forme appréciable comme un caméléon qui s'adapte mais à qui on oublie l'essentiel de qui il est.
J'essaye de me reapproprier ma culture petit à petit. Et c'est okay si ça prends du temps".
- Une adoptée
"Dans les années 1990, il y avait presque aucune transparence dans les procédures d’adoption internationale.
Les mères biologiques, souvent jeunes et pauvres, n’étaient pas correctement informées des conséquences de leur consentement.
Parfois, elles signaient des documents à la hâte, sans comprendre qu’elles renonçaient définitivement à leurs enfants.
Les visites étaient fréquemment refusées, sous prétexte de protéger l’enfant ou pour des raisons administratives vagues.
Nous subissions une pression énorme pour envoyer les enfants à l’étranger, ce qui entraînait des violations de droits fondamentaux.
De nombreuses mères découvraient trop tard que leur enfant avait été adopté et n’avaient jamais eu la possibilité de revoir leur bébé."
- Directrice d'une ancienne maison de la "Mère et de l'enfant" bulgare.
"La Bulgarie a un niveau de vie très faible. Les parents reçoivent seulement 100 levs par mois pour un enfant à charge (≈50 €), et à la naissance, l’aide unique est d’environ 200 €. Il y a peu d'opportunités professionnelles dans ces régions agricoles du pays, et tout est très cher maintenant".
- Une citoyenne bulgare
"Je recherche mon fils depuis un certain temps.
Il s’agit d’un enfant de sexe masculin, né le 18 juin 1998. Je suis sa mère biologique. On m’a dit qu’il était décédé le 22 juin 1998. On ne m’a pas permis de le voir ni de l’enterrer. On m’a expliqué que j’étais trop jeune et que j’aurais d’autres enfants. Je n’ai reçu aucun document à part son acte de naissance.
Un an plus tard, on m’a demandé de l’amener pour une vaccination. Lorsque je suis allée chercher son acte de décès, il n’était pas inscrit dans le registre des décès. Après un moment de confusion et une demi-heure d’attente, on me l’a finalement remis. À l’époque, je n’ai pas trouvé cela très étrange, j’ai pensé à une erreur humaine.
Il y a quelque temps, j’ai reçu un document indiquant qu’il avait quitté l’hôpital avec 450 g de plus que ce qui était initialement noté.
Je pense que tout a été changé à son sujet. Peut-être n’a-t-il même pas été adopté. Je crois que son lieu et sa date de naissance ont été modifiés, et qu’une autre femme a été inscrite comme sa mère.
Nous avons créé un compte MyHeritage et attendons de pouvoir effectuer des recherches.
Sur certaines photos, nous apparaissons comme parents et frères. Dans le dernier cliché, mon fils a été photographié le deuxième jour du côté de mon mari, car on ne m’a pas laissée m’approcher de lui".
- Une mère biologique slovène
"Maintenant nous savons que ces adoptions furent légales dans leur forme, mais il serait trompeur d’ignorer qu’elles furent dévoyées de leur éthique : des intermédiaires, parfois rémunérés par des bakchichs, ont transformé un acte censé protéger l’enfant en marché, au détriment de la dignité et de la transparence."
- un père adoptif français
En Bulgarie, certains enfants ont passé plusieurs années au home mère-enfant pour une maladie supposée. Plus tard, la directrice a dit aux familles roms, analphabètes, que les enfants devaient être pris en charge à Sofia dans un hôpital général. Elles ont été contraintes de signer un document présenté comme une simple autorisation de transfert à l’hôpital. Après cela, elles n’ont plus jamais eu de nouvelles de leurs enfants.
Les parents ont rendu visite au home mère-enfant plusieurs années après le départ de leurs enfants, sans jamais comprendre ce qui s’était passé. Ce n’est qu’aujourd’hui qu’ils découvrent que leurs enfants ont été adoptés, après avoir finalement réussi à les retrouver.
Pourtant, les parents adoptifs affirmaient que l’enfant était en bonne santé à son arrivée. De nombreux examens médicaux ont été réalisés, tous ne montrant aucune trace de pathologie : les enfants étaient en effet en bonne santé.
- À partir de 3 témoignages d’adoptés de Bulgarie. Nés entre 1994 et 1997.
Créez votre propre site internet avec Webador